L’une de mes thèses est que nous ne voulons pas de l’écologie, c’est une fable que nous racontons à la fois à nous-mêmes et à la société. Ce que nous voulons c’est : tout pouvoir faire, tout pour nous
et être tranquilles. Liberté complète, pas de méritocratie et irresponsabilité. Bien évidemment, nous prétendons le contraire : nous reconnaissons la nécessité de limiter les libertés, d’être méritants et d’être responsables. L’écologie s’inscrit là-dedans : nous la réclamons, mais ne la voulons pas, nous désirons d’autres choses, telles que la réussite sociale et le pouvoir d’achat. Pour saisir ces propos,
il faut penser « individu » et « collectif » : l’individu a spontanément des penchants égocentrés parce que cela lui est avantageux, tandis que le collectif a la charge d’instaurer des règles potentiellement
contradictoires, en vue de l’intérêt général. Si l’individu est privilégié au collectif, ses travers dominent et la société dysfonctionne, comme c’est le cas en France actuellement.
Nous avons toutefois conscience de nos travers, de l’état de la nature et de celui de notre société et c’est précisément pour cela que nous parlons autant d’écologie, de mérite et de responsabilité.
Nous ne désirons pas l’écologie, alors nous faisons exprès d’en parler, pour faire bonne figure : nous voulons nous regarder dans la glace et être regardés sans problème. Cet ouvrage analyse notre
mauvais rapport à la nature (pourquoi nous la détruisons), ainsi que les dysfonctionnements de notre société et de ses membres (pourquoi nous allons continuer).

Germain Guinchard est diplômé de l’Université de Savoie en chimie et développement durable et a travaillé dans la gestion et la valorisation des déchets. Sensible à l’urgence écologique ainsi qu’à l’épuisement des ressources et atterré par la faiblesse des réflexions actuelles, il a décidé de rédiger une série de livres sur notre rapport à la nature, le rôle de notre espèce, les limites planétaires, la gestion des ressources et nos modèles de développement.